Introduction à la pensée écologiste

Michel Onfray s’attaque à ce qu’il considère comme la pensée magique des écologistes contemporains. Selon lui, ces derniers affirment agir pour la planète en se basant sur des principes scientifiques, mais cette approche apparaît paradoxale. Onfray met en lumière la vacuité d’une pensée qui, tout en se revendiquant universelle, reste enfermée dans des limites étroites. En effet, plutôt que d’avoir une vision globale et intégrée, les écologistes semblent se restreindre à une vision nationaleécologique.

Une vision étriquée

Onfray argue que les écologistes incarnent une forme de nationalisme étroit. Ils regardent au-delà de leurs propres frontières avec méfiance, plaçant leur amour pour la Nature dans un cadre limité. Cette idéologie, qu’il qualifie de national-patriotisme, devient une affection exclusive pour une Terre perçue comme une « patrie nourricière » — une mère nourrissante, mais possessive.

Les implications de cette vision sont inquiétantes. En cherchant à protéger leur environnement immédiat, les écologistes semblent ignorer la vasteté de l’univers et des enjeux globaux qui en découlent. Onfray critique cette réduction à des intérêts étroits alors même que des solutions véritablement mondiales sont nécessaires dans une ère où les crises environnementales transcendent les frontières.

La personnification de la Nature

Onfray évoque également l’influence de penseurs tels que Michel Serres, qui a contribué à cette vision romantique et nationaliste de la Nature dans son ouvrage « Le Contrat naturel ». Il montre comment certains écologistes réussissent à personnifier la Nature, la transformant en une divinité qui fait appel à des ressorts émotionnels et mystiques. Le terme Gaïa, évoquant la déesse grecque de la Terre, symbolise cette volonté de rétablir un lien retour vers une forme de polythéisme moderne.

Cette personnification a des conséquences notables. Elle pousse à croire que la Nature, en tant qu’entité vivante et consciente, se vengerait de l’humanité pour les dommages causés, évitant ainsi d’aborder les questions environnementales sous un angle rationnel et scientifique.

La pensée magique face à la rationalité

Onfray explore les racines de cette pensée magique, que l’on retrouve souvent dans les discours écologistes. Il compare cette approche aux croyances archaïques qui reliaient catastrophes et événements naturels à la colère des dieux.

Image article

Les famines, pestes, et autres calamités étaient souvent interprétées comme des punitions divines pour les manquements des humains.

  • Événements naturels interprétés :
  • – La foudre, symbole de la colère divine

    – Les éruptions volcaniques, perçues comme une vengeance de la Terre

    – Les causes de catastrophes naturelles associées à un manque de foi ou de respect

    La manière dont les écologistes interprètent aujourd’hui les phénomènes tels que les tsunamis, canicules, et autres événements catastrophiques s’inscrit dans une tradition similaire de rationalisation magique : blâmer l’humain pour le « mal » infligé à la Nature, sans chercher à comprendre les dynamiques géophysiques ou climatiques.

    La philosophie comme antidote

    Pour Onfray, il est crucial de recourir à la philosophie afin de contrer cette vision magique et réduire ces croyances obsolètes. Il cite le matérialiste Lucrèce, qui a su contourner les mythes pour nous offrir des perspectives plus rationnelles sur la réalité. En se basant sur ce qui est empirique et mesurable, la philosophie peut démystifier ces croyances ancrées dans une pensée magique, remplaçant l’invocation de dieux par une compréhension des lois physiques qui régissent notre monde.

    Cette approche permettrait de :

  • Remplacer la peur et la culpabilité par la compréhension et la connaissance
  • Promouvoir des solutions rationalisées et basées sur des preuves scientifiques
  • Encourager une approche holistique et globale des crises environnementales plutôt qu’une vision nationaliste et cloisonnée
  • Conclusion : Vers une réflexion éclairée

    Michel Onfray incite à une réflexion sur la manière dont la pensée écologiste actuelle s’ancre dans un récit mystique qui lui est propre. Son critique vibrant invite à questionner les fondements de cette idéologie et à envisager des solutions nourries par la science plutôt que par la peur et le dogme. En nous éloignant de la pensée magique et en nous tournant vers une vision plus large et interconnectée de notre réalité, nous pourrions être en mesure de porter un véritable changement face aux défis environnementaux qui nous attendent.

    La nature ne doit pas être notre terreur, mais notre partenaire dans l’exploration d’un avenir durable et éclairé.