Introduction : Un projet controversé
À Erdeven, dans le département du Morbihan, une agitation croissante se fait entendre autour du projet de raccordement électrique du futur parc éolien en mer de Bretagne Sud. Tandis que RTE (Réseau de Transport d’Électricité) a mandaté l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) pour réaliser des fouilles d’un caractère préventif, plusieurs associations de défense du patrimoine breton dénoncent ce qu’elles qualifient de « désastre annoncé ». Elles accusent le gestionnaire du réseau électrique de forcer le passage à travers un site récemment classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Une zone protégée menacée
Le chantier de fouilles archéologiques a débuté discrètement à la mi-septembre sur le tracé prévu pour les câbles souterrains de 225 000 volts. Ces câbles sont destinés à relier les éoliennes flottantes au futur poste électrique de Pluvigner. Cependant, pour l’association Piebîem, dédiée à la protection des côtes bretonnes, cette opération est perçue comme un passage en force. Éric Guillot, le président de l’association, affirme : « RTE ne doit pas passer par là ! Nous sommes sur un site exceptionnel, récemment classé par l’UNESCO. Ces fouilles, prétendument préventives, servent surtout à légitimer un projet destructeur. »
L’emplacement choisi pour le passage des câbles est particulièrement problématique, car il longe :
Réactions des associations de protection du patrimoine
Dans un communiqué commun daté du 7 octobre, plusieurs organisations, telles que Sites & Monuments, Les Gardiens du Large, et la Fédération de protection de la baie de Quiberon, tiennent à dénoncer « une atteinte directe à l’intégrité du site historique ». Elles rappellent que le classement UNESCO des alignements mégalithiques du Morbihan, obtenu en juillet 2025, impose un devoir de préservation strict.
Les associations expriment leurs préoccupations à propos des fouilles déjà en cours, qu’elles estiment avoir causé des dommages visibles aux alentours :
Leur question est sans détour : « Comment justifier l’utilisation de bulldozers dans une zone que la France vient tout juste de faire reconnaître comme patrimoine de l’humanité ? »
Les enjeux d’un projet énergétique face à la préservation du patrimoine
Le Projet de raccordement électrique, bien qu’important pour le développement des énergies renouvelables, soulève de vives inquiétudes concernant l’impact environnemental et culturel sur un site classé.
Les membres des associations de protection du patrimoine affirment que la valeur historique et culturelle des mégalithes, ainsi que des autres éléments du patrimoine breton, est inestimable. Ils craignent que ce projet ne marque le début d’une ère d’atteintes au patrimoine au profit d’initiatives économiques.
Les défenseurs de la nature et du patrimoine plaident pour que la protection de cette zone unique prime sur les besoins énergétiques. Ils demandent aux autorités compétentes de reconsidérer le tracé du projet afin de préserver l’intégrité du site, en cherchant des alternatives qui n’impliqueraient pas d’interventions destructrices.
La voix des archéologues et des experts
Du côté des archéologues et des experts en patrimoine, l’opinion est également divisée. Certains estiment que les fouilles préventives pourraient permettre de mieux comprendre le site et de documenter les vestiges avant leur éventuelle destruction. Cependant, d’autres soulignent que les fouilles ne remplacent pas la nécessité d’une protection renforcée contre les projets d’infrastructure qui pourraient nuire à des sites d’une telle importance.
« Les fouilles prévues apparaissent comme une excuse pour justifier des actions qui pourraient être nuisibles sur le long terme », affirme un archéologue ayant souhaité rester anonyme. Il partage les craintes des associations quant au fait que ce projet pourrait ouvrir la voie à d’autres interventions similaires sur des sites protégés.
Perspectives d’avenir et appels à l’action
Les tensions autour du projet de raccordement de RTE atteignent un point critique, et la nécessité de mobiliser l’opinion publique se fait de plus en plus pressante. Les associations concernées lancent un appel à l’action pour sensibiliser les citoyens sur l’importance de protéger leur patrimoine.
Actions proposées :
La question de la durabilité des projets d’énergie renouvelable et de la préservation du patrimoine s’avère cruciale pour l’avenir. Les associations et les citoyens sont invités à se mobiliser pour les valeurs qu’ils défendent et à faire entendre leur voix dans les décisions qui affectent leur environnement culturel.
Conclusion : Un dilemme à résoudre
La situation à Erdeven entre les enjeux de développement énergétique et la protection du patrimoine met en lumière un dilemme contemporain. Le risque de voir un site d’une valeur inestimable sacrifié sur l’autel du progrès soulève des questions essentielles sur notre rapport à notre héritage culturel et à notre avenir énergétique. Les décisions qui seront prises dans les mois à venir détermineront non seulement l’avenir des mégalithes, mais aussi la manière dont nous abordons le développement durable dans le respect de notre patrimoine commun.