Génération Climat colère verte, espoir debout

Il fut un temps où parler du climat relevait presque de l’élitisme. On débattait de courbes, d’émissions de CO₂, d’accords internationaux… dans les cercles politiques et scientifiques. Aujourd’hui, la donne a changé. Le climat est devenu une cause populaire, portée à bout de bras par une génération qui ne veut plus subir. Lycéens, jeunes diplômés, artistes, mères de famille, habitants des quartiers populaires… Tous unis par une même urgence : demander la justice climatique.

Une parole libérée, un mouvement spontané

Le samedi dernier, un peu partout en France de Toulouse à Lille, de Lyon à Brest — des milliers de jeunes ont battu le pavé. Ils n’étaient affiliés à aucun parti, et leurs pancartes n’étaient pas imprimées, mais écrites à la main, souvent avec colère, parfois avec humour :
« Il n’y a pas de planète B », « Moins de CO₂, plus de clarté », « Changez le système, pas le climat ».

Ce n’est plus un murmure : c’est un cri. Un cri de vie, un cri de révolte, mais surtout un cri d’espoir, porté par une génération bien consciente que l’avenir se joue maintenant.

« On n’a plus le luxe d’attendre »

Lamine, 19 ans, étudiant en géographie à Marseille, résume ce que beaucoup pensent tout bas :

« On n’a plus le temps d’attendre des lois parfaites. Il faut agir maintenant, même à petite échelle. Planter, réduire, réinventer. C’est ça, l’urgence. »

Autour de lui, des camarades brandissent des pancartes, mais aussi des solutions : des kits de compostage, des guides pour désinvestir des banques fossiles, des tutoriels de réparation d’objets. Ce mouvement ne veut pas simplement dénoncer. Il veut transformer.

Quand les promesses deviennent poussière

Depuis les accords de Paris en 2015, les conférences climatiques (COP) se succèdent, avec leur lot de grandes déclarations. Mais sur le terrain, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter. Le dérèglement climatique n’est plus à venir, il est déjà là.

Sécheresses qui épuisent les nappes phréatiques, vagues de chaleur meurtrières, forêts en feu au Canada comme en Grèce, inondations dans le nord de l’Italie… La crise frappe partout. Et de plus en plus fort.

Agir là où l’on vit

Loin d’être résignés, les jeunes multiplient les actions concrètes dans leurs territoires. À Strasbourg, une vingtaine d’étudiants ont transformé une friche urbaine en verger collectif. À Clermont-Ferrand, des élèves de terminale mènent un projet de sensibilisation dans les écoles primaires. À Lyon, un collectif organise chaque semaine une “zone de gratuité” pour donner une seconde vie aux objets.

Ils savent que le pouvoir ne réside pas que dans le vote. Il se joue aussi dans les réseaux, les coopérations, les décisions de tous les jours, que mange-t-on ? Que finance-t-on ? Comment se déplace-t-on ? À qui donne-t-on notre énergie, notre attention, notre argent ?

Une écologie vivante, inclusive, joyeuse

Ce mouvement refuse les caricatures d’une écologie punitive ou élitiste. Pour Inès, 22 ans, militante à Nantes :

« On veut respirer un air pur, manger sans poison, travailler sans détruire. L’écologie, ce n’est pas la fin du monde. C’est une nouvelle façon d’habiter le monde. »

Les jeunes veulent une écologie de la dignité, qui n’exclut personne, qui ne méprise pas les plus précaires, et qui s’ancre dans le quotidien : moins de plastique, oui, mais aussi plus de justice sociale. Car les premières victimes de la crise climatique sont toujours les plus vulnérables.

Et maintenant ?

Ce que cette génération réclame n’est ni utopique ni inaccessible. Elle demande de tenir parole, d’appliquer les lois déjà votées, de cesser de subventionner les énergies fossiles, d’investir massivement dans les transports propres, dans l’agriculture durable, dans la rénovation des logements.

Et si les décideurs ne suivent pas, elle construira sans eux. Une société plus sobre, plus juste, plus résiliente, se dessine déjà dans les marges. Dans les jardins partagés, dans les bibliothèques militantes, dans les collectifs citoyens. Elle est là, silencieuse mais solide. Elle n’attend que d’être soutenue.