Comprendre l’explosion des cas d’autismes dans les pays industrialisés

Depuis ces dernières années, le nombre de cas d’autismes ne cesse d’augmenter dans les pays industrialisés. Si ce trouble du développement affectant principalement la communication et les interactions sociales est encore mal compris, de nombreuses études ont commencé à explorer l’impact de l’environnement sur son développement. En effet, de nombreuses voix s’élèvent pour attirer l’attention sur le rôle potentiel de la pollution et d’autres facteurs environnementaux dans l’expansion de l’autisme.

Le CHU de Montpellier au cœur de la recherche sur l’environnement et l’autisme

C’est dans ce contexte que le CHU de Montpellier a lancé une étude inédite en France. L’objectif : suivre pendant dix ans 1 700 couples, dont au moins un des parents est atteint d’un trouble du spectre autistique (TSA). Contrairement aux précédentes études menées sur le sujet, celle-ci vise à explorer en détail l’impact de l’environnement au sens large sur le développement de l’autisme. Les participants seront ainsi soumis à de nombreux questionnaires, notamment sur l’exposition à la pollution, les habitudes de vie, la qualité de l’alimentation, etc.

Pour le Dr David Vaucher, psychiatre à l’hôpital de jour de Montpellier et coordinateur de l’étude, « il est primordial de comprendre les liens possibles entre l’environnement et l’autisme, afin de mieux agir pour la prévention et la prise en charge de ce trouble ». Car pour l’instant, les causes de l’autisme demeurent encore inconnues, même si un certain nombre de facteurs génétiques sont également étudiés.

L’environnement, facteur aggravant de l’autisme ?

Si aucun lien n’a pas été démontré sur le plan neurobiologique entre l’autisme et l’environnement, l’hypothèse reste tout de même plausible. En effet, de plus en plus de recherches suggèrent que des facteurs environnementaux pourraient influencer le développement du cerveau, et ainsi, potentiellement, provoquer des troubles du spectre autistique.

Les chercheurs se sont ainsi intéressés à un certain nombre de polluants, tels que les métaux lourds, les pesticides ou encore les perturbateurs endocriniens. Ces substances présentes dans notre environnement peuvent affecter le développement des fœtus, notamment en traversant la barrière placentaire. Le Dr Vaucher précise : « Les enfants à risque, c’est-à-dire ceux ayant déjà un frère ou une sœur atteint d’autisme, sont plus vulnérables aux facteurs environnementaux en raison de leur prédisposition génétique ».

Les résultats encore mitigés des études sur l’environnement et l’autisme

Pourtant, malgré de nombreuses études menées ces dernières années, les résultats sur le lien entre l’environnement et l’autisme sont encore controversés. Une méta-analyse publiée en 2017 dans la revue Molecular Psychiatry, regroupant plus de 100 études sur le sujet, n’a pas permis de trouver de lien significatif entre l’exposition à la pollution et le risque d’autisme.

D’autres études, en revanche, ont montré une association entre l’exposition à certains polluants et le risque de développer un TSA. Une étude publiée en 2019 par des chercheurs de l’Université de Californie à Davis a ainsi mis en évidence que les enfants exposés à des pesticides et à des polluants de l’air dans l’utérus avaient un risque accru de développer un trouble du spectre autistique. Une indication qui vient appuyer les résultats encore préliminaires de l’étude menée par le CHU de Montpellier.

Sensibiliser le grand public à l’autisme et sa prise en charge

Si l’étude menée par le CHU de Montpellier peut apporter des réponses sur le rôle de l’environnement dans l’apparition de l’autisme, elle est également révélatrice d’une réalité en France : le manque de moyens alloués à la recherche sur l’autisme. Si l’on compare la France aux pays anglo-saxons, elle est à la traîne en termes de publication d’études sur le sujet. Pourtant, l’autisme est un trouble qui touche de plus en plus de familles, avec une prévalence estimée à 1 sur 100 dans le monde.

L’enjeu est donc de taille pour sensibiliser le grand public à l’autisme et à sa prise en charge. Selon de nombreuses associations, le manque de formation des professionnels de santé et le retard dans le diagnostic expliquent en partie les difficultés rencontrées par les personnes autistes et leur famille. Ce constat met en lumière l’urgence à mieux comprendre et mieux accompagner les personnes atteintes de TSA.

L’autisme, un trouble encore mal compris et stigmatisé

Enfin, au-delà de la question environnementale, il est important de rappeler que l’autisme reste un trouble encore mal compris et stigmatisé. Alors que les recherches progressent, les personnes autistes et leurs proches continuent de faire face à de nombreuses difficultés au quotidien. Les stéréotypes et les préjugés persistent, rendant parfois difficile l’intégration sociale et professionnelle des personnes autistes.

Il est donc primordial de poursuivre les efforts de recherche, mais également de sensibiliser le grand public à l’autisme et aux besoins spécifiques des personnes atteintes de TSA. L’étude menée par le CHU de Montpellier est un premier pas vers une meilleure compréhension de ce trouble complexe, mais il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la prise en charge et l’inclusion des personnes autistes dans notre société.

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