Une nouvelle ère géopolitique ?

La question environnementale prend une place incontournable dans notre société actuelle, si bien qu’elle doit être au cœur de la réflexion géopolitique. Les catastrophes comme les méga-feux, les sécheresses et les conflits armés apparaissent de plus en plus fréquentes, provoquant des interrogations sur leur impact sur les relations de pouvoir dans le monde. Comment les géopoliticiens, en particulier ceux de l’Institut Français de Géopolitique, peuvent-ils aborder ces crises simultanées ? Cela appelle à une révision des paradigmes géopolitiques traditionnels.

L’enjeu n’est plus seulement la guerre ou la crise environnementale, mais bien de les considérer de manière interconnectée. Pour cela, il est pertinent d’adopter le concept d’anthropocène, cette époque où les activités humaines modifient profondément la planète. Amaël Cattaruzza, dans ses travaux, évoque le terme de géopocène pour mettre en lumière la nécessité de repenser la géopolitique à travers le prisme des enjeux environnementaux.

Catastrophes en chaîne : un regard géopolitique

Les récentes catastrophes, qu’elles soient naturelles ou humaines, exacerbé par le changement climatique, mettent en lumière de nouveaux enjeux géopolitiques. Prenons l’exemple des grands feux de forêt au Canada, qui ouvrent une discussion non seulement sur la gestion de la ressource mais aussi sur la responsabilité des différents acteurs concernés. Une autre illustration est la gestion des mines de lithium en Serbie. La population a été réticente face à l’exploitation de ces ressources, mais celui-ci est relancé sous l’égide de la Communauté européenne. Ces scénarios illustrent clairement que les enjeux environnementaux sont intrinsèquement liés aux politiques de pouvoir à diverses échelles.

Il est essentiel d’aborder ces cas non seulement comme des incidents isolés mais aussi comme des manifestations de dynamique géopolitique. Par exemple, il est pertinent d’examiner :

  • Les méga-feux en Amazonie et leurs retombées sur la biodiversité mondiale
  • Les conflits liés à l’exploitation des ressources naturelles, comme le lithium, essentiel pour les nouvelles technologies
  • Les effets de la guerre en Ukraine sur l’approvisionnement en blé pour l’Afrique, soulignant la vulnérabilité de certaines régions face à des crises géopolitiques
  • Les enjeux de l’eau : études de cas

    L’eau est l’une des ressources les plus précieuses et les plus disputées dans le contexte de la crise environnementale.

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    Deux jeunes chercheurs, Justine Heyraud-Ciofolo et Robin Leterrier, explorent ce sujet sous différents angles.

    Justine HeyraudCiofolo se concentre sur la distribution de l’eau à Palerme, tandis que Robin Leterrier étudie les terres arables au Kazakhstan. Chacun aborde la question de la gestion des ressources avec une perspective unique.

    Palerme est spécifiquement représentatif d’une problématique plus large : malgré une autosuffisance théorique en eau, la réalité du terrain est tout autre. Voici quelques éléments clés à retenir :

  • Pertes du réseau : En moyenne, 52 % de l’eau distribuée est perdue dans les fuites, rendant la gestion de la ressource complexe.
  • Entretien des barrages : L’incapacité à remplir les barrages à cause de l’absence d’entretien compromet l’approvisionnement en eau.
  • Pratiques locales : Les méthodes utilisées par les habitants de Palerme pour gérer l’eau révèlent des stratégies souvent informelles, mais non moins efficaces.
  • Kazakhstan : une ressource sous pression

    Au Kazakhstan, le sujet des terres arables est tout aussi urgent. Robin Leterrier met en lumière les défis dans la gestion de cette ressource essentielle. Le pays, situé au nord, fait face à une pression croissante sur ses terres cultivables, exacerbée par des facteurs comme :

  • L’impact du changement climatique, qui affecte les rendements agricoles
  • Les décisions économiques et politiques qui influencent l’accès aux terres
  • La nécessité de nouvelles technologies pour optimiser l’utilisation des sols
  • L’étude des terres arables au Kazakhstan n’est pas seulement une question de sécurité alimentaire. Il s’agit également d’une question géopolitique vitalement liée aux relations entre les États et à la préservation des ressources naturelles.

    L’avenir de la géopolitique dans un monde en crise

    La réflexion géopolitique moderne doit désormais intégrer non seulement une analyse des rapports de force, mais également une composante environnementale. La mondialisation, les inégalités croissantes et les crises environnementales sont de plus en plus interconnectées. Par conséquent, les géopoliticiens doivent être préparés à repenser leurs approches et à envisager des solutions innovantes pour faire face à ces défis.

    Les résultats des recherches menées par des spécialistes et étudiants en géopolitique montrent que la dynamique de pouvoir évolue, alimentée à la fois par les enjeux environnementaux et par les conflits traditionnels. En contemplant ces défis, il apparaît clairement qu’une synergie entre l’étude des conflits et celle de l’environnement est nécessaire pour une compréhension holistique des tensions géopolitiques actuelles.

    En conclusion, le changement climatique n’est pas seulement une menace pour notre environnement, mais un catalyseur de nouvelles relations de pouvoir qui exigent une approche géopolitique intégrée et proactive. Les chercheurs, politiques et citoyens doivent s’unir pour répondre à ces enjeux cruciaux.