L’élevage durable est devenu un enjeu central dans le secteur agricole, confronté à des défis majeurs qui impactent non seulement l’économie des exploitations, mais aussi l’avenir de notre planète et le bien-être des animaux. Les éleveurs de bétail doivent naviguer entre ces impératifs souvent perçus comme contradictoires. Cet article propose de réfléchir à la manière de réussir cette conciliation en s’appuyant sur les travaux de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE).

Les enjeux de l’élevage contemporain

L’élevage moderne est une activité complexe, régie par trois axes principaux :

  • Viabilité économique : Assurer une rentabilité suffisante pour couvrir les coûts de production et maintenir la pérennité de l’exploitation.
  • Respect de l’environnement : Réduire l’impact de l’élevage sur la nature, limiter l’utilisation de ressources non renouvelables et protéger la biodiversité.
  • Bien-être animal : Garantir des conditions de vie décentes pour les animaux, en visant à réduire leur stress et à promouvoir leur santé.
  • Ces enjeux doivent être pris en compte simultanément pour garantir un système d’élevage durable et responsable.

    Les résultats de l’étude de l’INRAE

    Les chercheurs de l’INRAE, en croisant les données techniques et économiques de plus de 250 exploitations agricoles en France, ont pu tirer des enseignements précieux. Collectées entre 2016 et 2022, ces données couvrent une variété d’approches et de contextes d’élevage, et permettent de dresser un panorama du secteur.

    Les résultats de leur étude mettent en lumière plusieurs éléments clés :

  • Élevage en zone montagnarde : Les exploitations situées dans des zones moins intensives, comme les zones montagneuses, tendent à obtenir de meilleures performances en matière de rentabilité, de respect de l’environnement et de bien-être animal.
  • Pratiques d’élevage : Les éleveurs qui optent pour une gestion fine des ressources, en favorisant les pâturages et les aliments naturels, montrent une meilleure performance.
  • Choix des races : L’utilisation de races rustiques adaptées à l’environnement local contribue à une exploitation plus durable.
  • Les synergies entre performance économique, environnementale et bien-être animal

    L’étude a également révélé des synergies significatives entre les performances économiques et environnementales, ainsi que le bien-être des animaux. En d’autres termes, améliorer une de ces dimensions peut souvent avoir des effets positifs sur les autres. Voici quelques exemples de ces interconnexions :

  • Réduction du stress animal : Mettre en place des pratiques visant à minimiser le stress des animaux peut accroître leur productivité. Par exemple, un bon environnement de vie et une alimentation adaptée peuvent réduire les maladies et favoriser la croissance.
  • Empreinte écologique : En intégrant des pratiques plus respectueuses de l’environnement, comme la réduction des traitements chimiques et des intrants, les éleveurs parviennent à diminuer leur empreinte écologique tout en maintenant une rentabilité.
  • Efficacité des ressources : L’optimisation de l’alimentation en herbe permet non seulement de diminuer l’utilisation de pesticides et engrais azotés, mais favorise également la santé des animaux, créant ainsi un cercle vertueux.
  • Les défis de l’élevage intensif

    À l’opposé, l’élevage intensif pose des problèmes notables sur ces trois fronts. En effet, des pratiques agricoles fortement industrialisées peuvent nuire aux équilibres recherchés. Voici quelques inconvénients majeurs liés à l’élevage intensif :

  • Risque accru de maladies : La densité élevée d’animaux et les pratiques non adaptées peuvent engendrer une propagation rapide de maladies parmi les troupeaux.
  • Dépendance aux intrants : Les élevages intensifs se reposent souvent sur une utilisation massive de produits chimiques pour la nutrition et la santé animale, augmentant les risques pour l’environnement et la santé humaine.
  • Impact environnemental : L’élevage intensif contribue souvent à la dégradation des terres, à la pollution des eaux et à l’augmentation des gaz à effet de serre.
  • Conclusion : Vers un avenir durable pour l’élevage

    L’élevage durable ne se limite pas à un ensemble de pratiques spécifiques, mais implique une stratégie globale intégrant rentabilité, bienêtre animal et respect de lenvironnement. Les travaux de l’INRAE démontrent qu’il est possible d’atteindre ces objectifs en adoptant des pratiques intégrées et adaptées à chaque contexte.

    Il est impératif que les éleveurs, les décideurs politiques et les consommateurs prennent conscience de l’importance de soutenir des méthodes d’élevage durables. Cela nécessite une sensibilisation accrue, un accompagnement technique et financier, ainsi qu’une recherche continue pour améliorer les pratiques existantes.

    En outre, la sensibilisation des consommateurs joue un rôle crucial dans cette transition. En choisissant des produits issus de l’élevage durable, les consommateurs peuvent aider à orienter le marché vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement et du bien-être animal.

    Ainsi, l’avenir de l’élevage repose sur notre capacité à réinventer nos pratiques et à établir des systèmes qui profitent à la fois à l’économie, à la planète et à tous les êtres vivants qui y habitent.

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