Les aléas climatiques : un défi majeur pour les éleveurs bovins allaitants
Les aléas climatiques ont toujours fait partie de la réalité des élevages bovins allaitants. Cependant, ces dernières années, avec le changement climatique en cours, ces aléas sont devenus encore plus fréquents et intenses, mettant en péril les ressources fourragères et la pérennité des exploitations. Dans ce contexte, les éleveurs doivent trouver des solutions pour maintenir l’équilibre fourrager de leurs troupeaux, tout en garantissant la rentabilité de leur exploitation.
Le projet AP3C : un outil d’aide à la décision pour les éleveurs
Pour aider les éleveurs à faire face aux défis du changement climatique, le projet AP3C (Adaptation des pratiques culturales au changement climatique) a été lancé en 2015. Ce projet vise à fournir des projections agroclimatiques pour le Massif Central d’ici 2050, ainsi que des pistes d’adaptation pour les différentes filières agricoles de la région.
Selon ce projet, la ressource fourragère en Haute-Loire pourrait diminuer de 12 à 15%, et même jusqu’à 25% dans certaines zones, d’ici 2050. Face à cette réalité, l’achat de fourrage ou la diminution du cheptel ne sont pas des solutions viables à long terme. C’est pourquoi il est essentiel de trouver des alternatives durables pour maintenir un bon niveau d’autonomie alimentaire.
L’importance de la diversification des cultures et des légumineuses
Une des solutions préconisées par le projet AP3C est la diversification des cultures et l’augmentation de la part de légumineuses dans les prairies. En effet, les légumineuses, telles que la luzerne, produisent un fourrage à haute valeur protéique et résistent bien aux fortes températures et à la sécheresse. Cependant, elles ont besoin d’un pH peu acide pour se développer. Dans certaines zones, des éleveurs ont donc opté pour du trèfle violet, avec des résultats similaires en termes d’autonomie protéique et fourragère.
Le rôle clé des rotations culturales et des méteils
Pour pallier au manque de fourrage, certaines exploitations ont également mis en place des rotations culturales incluant un méteil (mélange de céréales et de légumineuses) suivi d’un sorgho fourrager en dérobée. Cette méthode permet de récolter du fourrage dès le début du printemps, tout en bénéficiant d’une plante résistante à la sécheresse. Cependant, le sorgho nécessite un sol chaud et humide pour bien s’implanter, ce qui peut poser problème dans des conditions climatiques défavorables.
Repenser la conduite du troupeau pour minimiser les UGB improductifs
Outre les solutions au niveau des cultures, il est également possible d’adapter la conduite du troupeau pour optimiser l’utilisation des ressources fourragères. Par exemple, en privilégiant un premier vêlage à 30 mois, il est possible de réduire le nombre de génisses à nourrir, ce qui représente une économie importante en termes de fourrage. Cependant, il est essentiel de bien suivre la croissance des génisses pour garantir leur bonne santé.
Un jeu de combinaisons pour maintenir l’équilibre fourrager
Comme le souligne Philippe Halter, conseiller bovin viande à la CDA43, aucune de ces solutions n’est suffisante prise individuellement. C’est en combinant plusieurs leviers que l’on peut trouver une réponse adaptée à chaque exploitation. Par exemple, pour le cas-type BV20 du projet AP3C, il est recommandé de tripler la surface de luzerne, d’implanter un méteil et un sorgho fourrager en dérobée, de passer à des vêlages à 30 mois, et d’investir dans un retourneur d’andains pour mieux valoriser les légumineuses. Bien entendu, ces choix doivent être adaptés à chaque exploitation en fonction de ses spécificités.
Conclusion
En somme, le changement climatique représente un défi majeur pour les élevages bovins allaitants, qui doivent s’adapter pour maintenir leur équilibre fourrager et leur rentabilité. Grâce au projet AP3C, il est possible d’anticiper ces changements et de trouver des solutions durables pour garantir la pérennité des exploitations. En combinant différentes solutions, et en trouvant des alternatives adaptées à chaque situation, les éleveurs pourront continuer à faire face aux aléas climatiques et maintenir un équilibre fourrager optimal pour leurs troupeaux.